C'est l'agriculture et plus particulièrement la culture du blé qui a crée les paysages de l'ouest dans lesquels nous vivons. C'est encore ce blé, qui nous a nourri et qui continuera à nous nourrir. Le moulin est donc le lien de notre territoire à ce que nous sommes.

Le Moulin de Fillé m'a tout de suite fait retomber dans mes machineries intérieures, en se dévoilant entièrement, seulement, si l'on désire rentrer dans son intime corps...Assez brut d’extérieur, il se révèle mécaniquement très humain, en intérieur, tel un ogre à farine fonctionnant au grès des mouvements de la Sarthe.

Machine fantastique, le moulin tout en concassant son beau blé, et mixant ses sons, modifie alentour, le paysage solide et le paysage liquide. Créant de nouveaux méandres et modifiant la géodésie de ses îles tel un dragueur de sable de rivière.

Comme toutes ces choses qui sont belles alors qu'elles n'ont été pensées que pour être pratiques et techniquement fidèles, on dépasse très vite leurs fonctions pour les rêver plus poétique. Sommes nous dans un modeleur de paysage, un orgue à blé ou un moulin à son ?

Le moulin tout en étant plutôt silencieux a visuellement une énorme présence acoustique: roulements, courroies, engrenages s'emboitent comme dans une boîte à musique géante...Boîte à musique qui nous nourrit en offrant la base de toute notre histoire et notre culture alimentaire et qui, pour notre besoin, modifie tout en poésie ses paysages.

« Machinerie pour un paysage de Son » propose donc une relecture du moulin de Fillé. Petite sœur non loin du grand moulin, cette machine de bois, de farine et de vidéo, mi-moulin mi-tourne-disque proposera à son tour ses paysages de farines et ses mélodies de son...

De la Farine et de l'Eau ! Ce projet in situ sera mis en discussion avec une installation plus ancienne intitulée «Unité de Traitement Poétique de l'Eau, U.T.P.E». Des bruits d'eau, du son de farine, bienvenue au moulin !