Résidence-création / Ecole Jean Moulin / Villejean / Rennes

Dans le cadre de « Territoires en création »
Sur une invitation du
Centre d'art La Criée

Un projet réalisé avec le soutien de la DRAC Bretagne et de la Ville de Rennes

"Ma Cité idéale,
entre Lumières et Mouvements"
 
Projet Lauréat du "Prix de l'audace artistique et culturelle 2013"

Un prix organisé par le Ministère de la culture, le Ministère de l'éducation
et la fondation Culture & Diversité

Tenter de projeter une architecture à la croisée du rêve et de l'enfance, à travers une installation géante mêlant lumière, récupération, low tech, cartonnage, ombres chinoises, vidéos, machines sonores crées par ou avec les enfants de l'école Jean Moulin.
Laisser la part belle aux rêves et leur proposer de mettre en volume et à échelle 1, leurs situations idéales.

Souvent confronté à une situation architecturale,ou tout est trop haut, trop pratique, sans identité, sans individualité et distant, l'enfant ne peut créer son chemin de développement social à travers cette urbanité pensée sans eux.
Souvent confronté à une opposition entre la culture familiale (les belles histoires racontées) et le lieu ou ils vivent, qui ne ressemblent en rien à ce qu'on leur raconte le soir...
où est la part de vrai dans l'oreille d'un enfant? Peut-être ici réside le clivage qui tend à se heurter à la ville que nous connaissons, plutôt que de tenter de s'en accaparer.
Trouver sa place dans cette collectivité qu'est la ville à travers la notion certainement pas si simple qu'est le rêve, dans la tête d'un enfant. Penser/fabriquer/créer la cité idéale avec eux...



 

Le Workshop s'est déroulé de Février à Juin 2013, au sein de l'école Jean Moulin, dans une classe entièrement réservée à cet effet, avec la participation active des institutrices et le fort soutien de la Criée.
Différents ateliers ont été déclinés au sein de cette résidence, des temps de balades avec les enfants dans le quartier, avec des prises de vues pour comprendre les échelles, les perspectives et les ombres projetées.
Des sessions de dessin du quartier ont ensuite été réalisées, pour mieux différencier ce que l'on voit et ce qu'on veut pour notre cité idéale. Les premiers dessins d'architecture de la ville sont arrivés ensuite...Cartonnage, premières expériences avec les ombres. Les quartiers s'identifient, ludiques, sous terre ou dans les nuages.

Travail sur le mouvement et les sons de la ville: Moteurs en tout genre, tourne-disques, vinyles au kilo...Ca tourne, ça chauffe, ça vrille, ça bascule, la ville prend vie, puis vient le travail sur le son, on casse, on ponce, on boucle les disques jusqu'à obtenir le son urbain voulu pour notre cité idéale.

Pendant ce temps un travail est fait avec la maison de quartier de Villejean. Un travail de maquette itinérante et sensitive est réalisé avec les habitants du quartiers, puis une ville en sucre est parallèlement créée avec le pôle enfance.
La pensée du projet s'internationalise avec la mise en place, grâce au centre d'art Doual'art (Cameroun), d'un travail photo, d'une correspondance entre les enfants de l'école Jean Moulin et ceux de l'école CBC Barcelone du quartier New Bell de Douala. Des lettres ou les enfants se présentent et parlent de leur ville idéale, accompagnés de demi-dessins à finir par les enfants de CBC, sont envoyés à Douala, puis au retour joints à l'installation. Ce travail de correspondance Jean Moulin/CBC Barcelone a amené les enfants à voir plus loin, cette cité idéale, et sera prolongé après le projet.

Kamiel Verschuren interviendra 2 jours pour présenter son travail d'artiste/urbaniste aux enfants de l'école, s'en suivra un Workshop. Les enfants profiterons d'un voyage à Nantes, pour venir visiter l'exposition "Making Douala" organisée par L.grandin et K.Verschuren à la galerie Paradise.

L'installation est presque là, vient maintenant le temps du travail de vidéo, tel une souris face à des géants, ou plutôt tel un enfant face aux adultes...Je filme les enfants dans la cour, dans le gymnase en contreplongée depuis le sol, vidéos « one shot » ralenties au maximum, qui comme les lumières de l'installation seront utilisées comme sources pour les ombres tournantes de la cité idéale...
Le prix de l'audace, remporté grâce à cette résidence, nous permettra avec les enfants de continuer cette réflexion sur l'espace urbain, une année de plus! Alors sans doute n'est-ce, en fait, que le début de l'histoire...


   

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Bouffée d'art en ZEP

Aline se précipite. La petite fille de 6 ans vient d'apercevoir la photo de son visage collée sur la tête d'un bonhomme en argile. "C'est super", s'enthousiasme Nizam, sa maman, qui ne l'avait pas encore reconnue. Dans la pénombre d'une pièce de l'école maternelle Jean-Moulin, à Rennes, les familles se succèdent pour contempler La Cité idéale, œuvre d'art contemporain imaginée et conçue par le plasticien Lucas Grandin en collaboration avec les élèves de grande section. Sous une structure en bois, les immeubles et les maisons dessinés par les enfants ont été posés sur des boîtes de conserve, elles-mêmes fixées à des platines pour vinyles. En tournant comme des manèges, elles produisent une atmosphère sonore à laquelle se mêlent des piaillements d'oiseaux. Grâce à un jeu d'ombres et de lumières, la ville fantasmée, peuplée d'un tas de minuscules personnages de carton et de papier, se projette sur les murs de la salle.
Accrochées à l'armature, ici ou là, des tablettes numériques diffusent des images tournées avec les écoliers. Ce vendredi 7 juin, les parents découvrent enfin l'ampleur de la structure, aperçue par l'entrebâillement de la porte à chaque sortie des classes, lorsqu'ils venaient chercher leurs bambins. Avec ce projet, l'école a remporté la première édition du Prix de l'audace artistique et culturelle, remis à l'Elysée par François Hollande le 12 juin. Fin 2012, ce concours avait été suggéré au gouvernement Ayrault par la Fondation Culture & Diversité, qui œuvre depuis 2006 en faveur de l'accès à l'art et à la culture pour les jeunes scolarisés en zones d'éducation prioritaire (ZEP). En partenariat avec les ministères de la culture et de l'éducation nationale, chargés d'identifier des initiatives locales, la fondation a sélectionné 89 projets puis 16 finalistes, alors départagés par un jury composé de personnalités comme Jamel Debbouze ou Denis Podalydès.

"APPROCHE LUDIQUE DE L'ART"

Entouré de ses artistes en herbe, Lucas Grandin s'accroupit devant la cité qui s'anime, leur rappelle du doigt les mécanismes qui font tournoyer leurs habitations. "C'est devenu la star du quartier", sourit Carole Brulard, médiatrice culturelle à La Criée, le centre d'art contemporain de la capitale bretonne qui avait proposé l'année dernière à la maternelle d'accueillir en résidence ce spécialiste des jardins sonores. Depuis février, plusieurs matinées par semaine, le plasticien enseigne aux élèves les subtilités des ombres chinoises, les initie au cartonnage, leur apprend à sublimer des matériaux de récupération ou leur explique la notion de perspective.

Une rencontre qui avait débuté par une balade dans leur quartier, Villejean, secteur cosmopolite du nord de Rennes, érigé au début des années 1960 pour accueillir les ouvriers de la nouvelle usine Citroën. "C'est pour les très jeunes une première approche ludique de l'art, se satisfait Aminata, la maman d'Anouar, qui rêvasse plus loin devant la création. Cela leur permet surtout d'appréhender leur quartier autrement, sous un jour plus poétique, plus esthétique." "Les jeunes enfants n'ont pas encore d'interdits, estime Lucas Grandin. A leur âge, ils ne sont pas encore touchés par les réticences que peut parfois générer l'art contemporain. Pour eux, c'est avant tout du bricolage, mais du bricolage qui développe leur esprit créatif." Ravies, les institutrices vantent l'opportunité de mener en classe des activités d'apprentissage "concrètes" et "motivantes", quand les élus de la ville, qui participe au financement du projet, n'oublient pas d'évoquer les rythmes scolaires : "Pour les enfants qui sont peu emballés par le système classique, c'est un vecteur d'épanouissement, souligne Marc Hervé, conseiller municipal en charge du quartier Villejean. Il réveille leur appétit d'apprendre."


M le magazine du Monde | 14.06.2013
Franck Berteau


   
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